Ercilia Araya est la présidente de Pai-Ote, une communauté autochtone colla de 60 personnes vivant dans la région d’Atacama, dans le Nord du Chili. Depuis 2014, Ercilia est considérée comme une criminelle et harcelée pour avoir voulu défendre les droits fonciers de sa communauté contre les projets miniers et dénoncer la pollution des sources d’eau sacrées des Andes.

Le territoire ancestral de Pai-Ote revêt une importante richesse minérale et englobe la ceinture de Maricunga, l’un des plus grands districts aurifères du pays. Pas moins de douze projets miniers, la plupart canadiens, y opèrent. Alors que la communauté s’oppose à ces projets, Ercilia, en tant que Présidente, a fait l’objet de représailles de la part de l’État et des entreprises minières.

En mars 2014, elle a porté plainte, au nom de sa communauté, au titre de la pollution provoquée par l’entreprise canadienne Yamana Gold. La police s’est alors rendue à son domicile et, au lieu d’enquêter sur la plainte déposée pour dommages environnementaux, l’a accusée elle et sa famille de possession illégale de fossiles et d’objets archéologiques. Ercilia et son fils de 12 ans ont été arrêtés et interrogés. L’enquête a duré trois ans et le Procureur a finalement abandonné les poursuites en 2017.

« Je dénonce les mineurs pour pollution de l’eau et c’est moi qui finis incarcérée.  Ils ont arrêté mon fils de 12 ans et mon père, de 76 ans. Juste pour avoir dénoncé les mines ». 

En octobre 2016, Ercilia a fait appel de l’autorisation environnementale du projet “Explotación de minerales La Coipa Fase 7” concédée à la Mantos de Oro Mining Company (Kinross Gold Corporation) au motif qu’aucune consultation n’avait eu lieu. Au même moment, les communautés colla voisines, avec l’aide de la société minière, ont déposé une plainte contre Ercilia, l’accusant de revendiquer illégalement la propriété des terres pour le compte de Pai Ote. Cette plainte a finalement été rejetée par la Cour d’appel de Copiapó.

L’année suivante, Pai-Ote a été accusée par une autre communauté voisine, soutenue par les entreprises minières, en raison d’un supposé système illégal de captation d’eau. L’enquête portant sur cette accusation non-fondée a duré deux ans.

Ercilia et d’autres membres de la communauté Pai-Ote ont été informés, y compris par d’anciens responsables des sociétés minières, que la persécution dont ils étaient victimes visait à affaiblir la communauté et ses prétentions foncières, et à faciliter l’imposition de projets miniers sur leur territoire ancestral.

Depuis 2001, la communauté Pai-Ote appelle à la reconnaissance juridique de ses terres et à la délivrance de titres de propriété sur ces dernières, mais sa demande a jusque-là été ignorée. Les communautés qui soutiennent les entreprises minières opérant dans la région et ayant poursuivi Pai-Ote en justice, quant à elles, ont reçu des terres.

 

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Photo credit: Diario REDigital