« La décision rendue par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples dans l’affaire des Ogieks, par laquelle elle a reconnu leurs droits sur les ressources foncières, forestières et hydriques, est historique. Lorsqu’elle sera pleinement mise en œuvre, elle mettra fin à l’abandon forcé des forêts et assurera la préservation de la culture et l’existence du peuple ogiek » – John Samorai, Ogiek Peoples’ Development Program
Près de 40 000 personnes appartenant à la communauté ogiek de chasseurs-cueilleurs vivent dans la forêt de Mau, au Kenya, qui succombe rapidement à l’abattage des arbres, au développement de plantations de thé et à la colonisation illégale. Malgré leur statut de gardien de ces précieux paysages, le gouvernement kenyan a commencé à expulser de force les Ogieks et à les relocaliser dans le but déclaré de conserver les forêts restantes.
La forêt est la ressource la plus importante et un moyen de subsistance pour les Ogieks. Elle est une source de nourriture, un refuge, une source de remèdes naturels, au sein de laquelle ils pratiquent leurs rituels. Traditionnellement chasseurs-cueilleurs, les Ogieks pratiquent également l’apiculture, et le miel est leur produit phare.
« Ça fait mal de voir les femmes et les enfants souffrir lors de violentes procédures d’expulsion, qui peuvent avoir lieu la nuit », explique Mme Sara, une aînée de 75 ans qui a vu des membres de sa communauté se faire passer à tabac et tuer en tentant de défendre leur droit de rester sur leurs terres.
En 2012, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a renvoyé l’affaire des Ogieks devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), qui a rendu, le 26 mai 2017, un arrêt phare, en décidant que le gouvernement kenyan avait violé les droits des Ogieks à la propriété, à la non-discrimination, à la culture, à la religion, au développement et aux ressources naturelles. Mais cette décision n’a pas encore été mise en œuvre, malgré la création de deux groupes de travail du gouvernement, parmi lesquelles aucun représentant des Ogieks ne figure.
Cette affaire revêt une importance pour de nombreux cas similaires sur le continent africain, où les gouvernements doivent de toute urgence aider les peuples autochtones et les communautés locales à obtenir justice en mettant en place des mécanismes pour restaurer leurs terres et réparer les violations des droits fonciers.
Mesures à prendre
- Le gouvernement kenyan doit agir maintenant pour restaurer les terres des Ogieks et compenser les pertes essuyées par ces communautés depuis de nombreuses années.
- Le parlement national doit approuver les règlements pris en vertu de la loi de 2016 relative aux terres communautaires pour aider toutes les communautés, y compris les Ogieks, à réclamer la propriété sur leurs terres.
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