L’implantation de SudCam, vaste plantation d’hévéas dans le sud du Cameroun, a été initialement présentée comme une promesse de prospérité pour les communautés environnantes. Plus de quinze ans après ces engagements, le tableau dressé est sombre : les habitants se retrouvent démunis, sans perspectives d’avenir et plongés dans l’insécurité. Les témoignages recueillis révèlent une réalité inquiétante.

 

Des promesses séduisantes

Au commencement, SudCam a su capter l’attention des habitants avec des promesses alléchantes. Un chef de village déclare : “On nous a promis monts et merveilles une fois que la plantation serait implantée.” Les assurances de création d’emplois, d’amélioration des conditions de vie et d’accès facilité à l’éducation et aux soins de santé ont éveillé de grands espoirs pour la région.

 

Une riveraine témoigne des engagements pris :

On nous avait assuré que SudCam allait prendre soin de nous. En échange de nos terres et de nos forêts, on nous a promis qu’on nous fournirait le nécessaire pour bien manger.

Ce type de déclaration illustre l’enthousiasme suscité par l’arrivée de l’entreprise.

 

Une réalité amère

Cependant, la réalité s’est révélée bien éloignée des promesses initiales. Les conditions de travail au sein de la plantation suscitent de vives critiques. Une riveraine décrit : « Les hommes partent au travail à trois heures du matin et rentrent à 15h. L’entreprise ne paie même pas de primes pour le travail de nuit. » Ces horaires éprouvants soulignent la pression exercée sur les employés et l’impact sur leur vie familiale. De surcroît, de nombreux travailleurs se retrouvent sans contrat, faisant face à une précarité alarmante, avec des rémunérations insuffisantes et une absence de protection sociale.

 

Exclusion des populations locales

L’exclusion des populations locales des postes de décision est également criante. Un chef de village souligne :

Nous n’avons aucun représentant au niveau des équipes décisionnaires. Alors que nous avons dans nos communautés des personnes formées pour ces postes, les dirigeants viennent systématiquement d’ailleurs.

Ce constat renforce le sentiment de trahison et d’injustice face à une gestion qui les exclut de leurs propres terres.

 

Engagements non respectés

Les engagements sociaux de SudCam se sont largement dissipés au fil du temps. Un riverain constate :

SudCam avait promis de prendre soin des femmes et des anciens. Aujourd’hui, ces personnes se retrouvent complètement délaissées.

Cette déception met en lumière l’écart grandissant entre les attentes et la réalité vécue par les communautés.

 

Les tentatives de compensation, par ailleurs, se sont avérées insuffisantes : “À leur arrivée, SudCam nous fournissait de la viande, du poisson, de l’huile, tout ce dont nous avions besoin. Aujourd’hui, ils ne nous donnent plus que du riz et de l’huile.” Ce changement dénote un non-respect des engagements initiaux et contribue à alimenter le mécontentement.

 

Face à ces désillusions, les communautés s’organisent pour revendiquer leurs droits. Les chefs de village se rassemblent autour de demandes communes, et des associations de défense des droits des riverains émergent. Toutefois, ces initiatives n’ont jusqu’à présent pas été reconnues par SudCam.

 

L’histoire de SudCam dans le sud du Cameroun illustre le décalage souvent observé entre les promesses faites aux populations locales et la réalité vécue. Ce fossé soulève des questions cruciales sur la responsabilité des entreprises et la nécessité d’un dialogue véritable avec les communautés. Il rappelle aussi l’importance du respect du droit international pour garantir un développement équitable et durable, essentiel à la prospérité des régions concernées.